bannière ENS en grève

Destinataires de la caisse de grève

Le 7 juin 2016, lors de la cinquième Assemblée Générale du collectif ENS en grève, nous avons convenu de diviser en deux les fonds récoltés à cette date et de les reverser à hauteur de 2 500 euros par collectif à deux collectifs de grévistes (le détail des discussions peut être trouvé dans le CR de cette cinquième AG) : les postier.e.s du 92 et les précaires de l'ESR de Rennes.

Contrairement à ce qu'ont pu dire certains médias, ce n'est pas en tant que «pas concerné·e·s directement» que nous, étudiant.e.s, professeur.e.s, personnel des ENS, nous mettons en grève symbolique. Dans l’enseignement supérieur et la recherche, secteur auquel nous nous destinons pour la plupart, la précarité bat également son plein. C'est le cas dans toutes les catégories d'emploi : enseignant.e.s, chercheur.se.s, personnels administratifs, techniques, d’entretien et de sécurité. En cause ? La privatisation de plus en plus marquée des services d'entretien et de sécurité et leur externalisation, avec toutes les conséquences budgétaires et sur les conditions de travail que cela comporte. Administrativement, les regroupements voire la fusion des universités sont conseillés. Cela entraîne à terme des suppressions de filières et de postes, et la mise en concurrence de celles-ci au détriment des petites universités. Sur le plan de la recherche, le financement est de plus en plus basé sur des contrats sur projets, remplaçant les crédits récurrents et masquant la baisse de financement total in fine. Des inquiétudes confirmées par la récente suppression de 122 millions d'euros annuels des budgets de recherche universitaires, alors que les 6 milliards d'euros annuels du Crédit Impôt Recherche accordés à la R&D d'entreprises majoritairement privées, dénoncés comme étant une niche fiscale par des rapports de la Cour des Comptes et du Sénat, sont maintenus.

Même dans nos établissements, qui disposent de plus de ressources que la plupart des universités, les professeur.e.s, secrétaires, agents d'entretien, cantinier.e.s, font face à la précarité et au manque de moyens. En 2010-2011, dans une des ENS, une quinzaine de personnels de la cantine a ainsi dû faire une grève de 4 mois et de nombreux blocages, puis occuper les locaux de la direction pendant un mois, avec la solidarité des étudiant.e.s, pour obtenir la régularisation de leurs CDD, reconduits parfois illégalement pendant 6 à 10 ans, en CDI. A la Poste, les travailleurs et travailleuses subissent aussi ces conditions de plein fouet. C'est contre la réorganisation annuelle de bureaux de Poste avec suppressions d'emplois à la clé, contre le regroupement de certains bureaux par économie de loyer, et l'aggravation de la pénibilité au travail qui s'ensuivra, que les postier.e.s des Hauts-de-Seine sont en grève depuis plus d'un mois et demi. Cette logique commune de précarisation et de flexibilité imposée, nous a motivé à les soutenir. Les conditions de travail dégradées font aussi l'objet du deuxième collectif que nous soutenons, celui des précaires de l'éducation de Rennes. ASEN, AVS-EVS, animateur.trice.s périscolaires, ATSEM, enseignants.e.s, sont des postes essentiels au fonctionnement du service public d'éducation. Malgré la diversité des tâches auxquelles ces emplois correspondent, ils se retrouvent entre autres dans la précarité de leurs contrats à l'année, au trimestre voire au mois ; l'irrégularité des horaires ; le temps partiel imposé. 
Autant de conditions de travail inacceptables qui sont déjà le quotidien des travailleurs et travailleuses du service public – dans les courriers, l'enseignement supérieur, l'éducation, mais aussi les transports, les hôpitaux, les collectivités territoriales. Autant d'attaques ces dernières années, qui laissent présager dans le public une casse du droit du travail, analogue à celle que le gouvernement tente aujourd'hui d'imposer au secteur privé.

Nous relayons ici leurs tracts ainsi que les liens redirigeant vers leurs propres caisses de grève :

Les postier.e.s du 92

Des personnels de La Poste dans le département du 92 (de Malakoff et Vanves, Colombes, Asnières, Issy et Fontenay) sont en grève depuis le 10 mai. Ils luttent contre les suppressions de postes dans les agences postales, pour l'amélioration de leur condition de travail (la baisse du nombre de tournées notamment) et l'embauche des intérimaires travaillant dans des conditions précaires. Lundi, certain.e.s d'entre elle.eux ont bloqué le bureau de poste de Malakoff-Vanves empêchant la distribution de courrier dans les deux communes pendant toute la matinée. Ce même jour, l'AG a rassemblé 45 grévistes et déjà 90% du personnel du bureau d'Asnières et 100% des facteur.rice.s de Fontenay sont en grève.

Liens :

les précaires de l'Education Nationale de Rennes

Les précaires de l'ESR de Rennes sont en grève depuis le 10 mai. Un collectif de précaires de l'éducation nationale s'est constitué à Rennes et rassemble des enseignants.e.s vacataires, des ATSEM, EVS-AVS, AED et animateurs.trice.s périscolaires. Ils mettent en évidence les similitudes entre leurs conditions de travail actuelles et celles que la loi El Khomri instaurerait dans l'ensemble du monde du travail et rappellent que les services publics ne sont aujourd'hui que temporairement épargnés par des attaques similaires à celles que connaît aujourd'hui le privé. Ce collectif se tient prêt à perturber le fonctionnement des établissements où ils travaillent et demandent aux chefs d'établissements l'arrêt des intimidations et des chantages dont ils font l'objet. Ils demandent également à ce que leurs statuts précaires évoluent en CDI et soient accompagnés de formations et couplés à de meilleurs salaires.

Liens :